Le son est d’abord brumeux, presque poussiéreux, puis sur une mélodie issue d’un passé révolu arrive un chant rempli d’écho, lézardé à grands coups de guitare électrique. L’univers singulier d’Alex Zhang Hungtai, alias Dirty Beaches, est ainsi profondément noir, solitaire et intranquille. Le Canadien d’origine taïwanaise convoque successivement Elvis Presley, Suicide, The Velvet Underground et David Lynch pour créer un rock étonnamment (post)moderne. En alternant morceaux tendus et toxiques avec des balades lancinantes au romantisme vénéneux, Dirty Beaches a inventé le rockabilly neurasthénique...

Le projet d’Alex Zhang Hungtai;  Dirty Beaches a considérablement évolué depuis ses début à Montréal en 2005. Aujourd’hui Alex veut sa musique la plus éclectique possible, regroupant des instrumentations drone, des bande-sons, et sa constante fascination à disséquer la musique populaire américaine (blues, rockabilly, soul, RnB, hip hop). La dernière réalisation d’Alex Zhang Hungtai, Drifters/ Love Is The Devil, est un vaste double album qui raconte la vie du musicien, voyageur acharné depuis maintenant 2 ans, ce qui l’a notamment conduit à Berlin, Belgrade, Paris et bien d’autres villes. Enregistré entre Montreal et Berlin durant l’hiver 2012, les deux moitiés de Drifters/ Love Is The Devil ont des liens étroits et ne forment qu’une seule et unique œuvre malgré des différences sur le plan esthétique. Si Badlands (2011) était une tentative d’exorcisme des fantômes du passé dans un monde semi réel, Drifters/ Love Is The Devil est plutôt une réflexion sur la fragilité de la réalité, à la fois celle du monde qui nous entoure, avec ses tentations et l’hédonisme qu’il véhicule, mais aussi celle de notre monde intérieur, celui des remords et des peines sentimentales...